Le monde, 24 Juillet 1983

par Philippe Pons

(...) Personnage enigmatique, volontiers excentrique, peintre et à son heure antiquaire, grand collectioneur d'object ayant appartenu à Napoléon, c'est une sorte de Cagliostro de la haute société italienne dont les dons, qui défient les lois de la science, sont de renommée mondiale. Une comparaison avec le compte qui séduisit le Paris de Louis XV ne lui plaît qu'a moitié : " Cagliostro avait des dons, mais c'etait un adventurier ; du moins n'a-t-il fait de mal à personne ", nous dit-il, nous reçevant pour l'une de ses " soirées expérimentales " réservées à quelques privilégiés et qu'il distille aux plus grands noms, recevant des autre quelques trois cents lettres par jour. Ses expériences ravissaient Dino Buzzati et faisaient battre des mains Einstein. Elles fascinaient son ami Fellini, qui qualifie Rol de " deconcertant ". Le personnage de Rol n'a rien de sévère ni d'hermetique, mais au contraire il s'en dégage une joie rassurante et une vitalité peu commune pour un homme déjà âgé. " Je ne crois pas à la magie ", nous dit-il, " mes expériences tiennent de l'esprit intelligent de l'homme. C'est-à-dire à la force de la volonté afin de toucher à une autre dimension de la vie ". C'est qu'il fit, ce soir-là, tient du prodige. Où finit le jeu? Où commence la verité? Imaginer une manipulation ou simplement la suspecter satisfait la raison, mais il est parfois tentant de se laisser porter par le merveilleux - sinon de l'admettre. D'ailleurs Rol lui-même le dit: " C'est trop grand, on ne peu pas y croire ".